Le délit d'opinion
Le délit d'opinion est la version laïque du blasphéme. Comme son cousin religieux, il nécéssite l'existence d'une doctrine, d'un pouvoir décidé à faire valoir celle-ci et celle-ci seule au titre de pensée unique.
Le pouvoir( ou prétendu pouvoir)(détenteur de la pensé ou de la doctrine unique) peut agir en amont de l'opinion par la propagande qui popularise la doctrine officielle comme étant la seule valable. Dans la propagande , toute autre opinion autre que la vérité officielle est déclarée comme dangereuse pour le bien de l'humanité. L'opinion contraire est déclarée contre productive. Dans les totalitarismes, l'opinion dissidente constitue un crime contre le peuple.
"Il y a deux maniéres de combattre, l'une avec les lois l'autre avec la force. La premère est propre aux hommes, l'autre nous est commune avec les bètes": Machiavel
Quel que soit le pouvoir , des schémes de discrimination existent. Le pouvoir peut aussi agir en aval de l'émergence de l'opinion, en discréditant( diffamation, calomnie) les dissidents.
Par exemple, en France, pendant la guerre d'Algérie, parler de torture dans la république était un délit.
De même, en Egypte récemment un procès de partisans de la démocratie les a vus inculper d'homosexualité, un délit qui marche bien dans les pays arabo-musulmans.
Une autre forme d'intoxication de l'opinion contre la dissidence consiste à diffuser des mensonges sur l'ennemi.
On peut aussi créer une police des consciences, qu'on la nomme commissaire politique ou inquisition, son travail est le même: obtenir du dissident qu'il s'acuse lui même, obtenir une dénonciation ou délation de la part de ses détracteurs. Il en est du dissident comme de l'hérétique: s'il n'est pas dénoncé , c'est un citoyen sans histoire.
On peut aussi diaboliser l'opinion dissidente.
On comprend donc qu'il n'y a pas de délit d'opinion sans atteinte à la liberté d'expression. Le peuple doit être empêché de penser en raison de son manque de maturité politique.
Pourtant, depuis 1793 la déclaration des droits de l'homme et du citoyen dit:"nul ne peut être inquiété pour ses opinions même religieuses (art. 10) et depuis la déclaration universelle des droits de l'homme, la liberté d'opinion, la liberté d'expression sont garanties au nombre des libertés formelles.
La liberté d'opinion invite à la diversité des points de vue, à la critique et à la contestation pour, au bout des débats , mener à plus de cohérence dans la conscience du groupe.
Le débat démocratique qui suppose la culture, l'esprit critique et, à la toute fin du processus, la justice égale pour tous sont les meilleurs facteurs de sécurité.
" Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites mais je me battrai pour que vous puissiez le dire librement": VOLTAIRE
La liberté de penser repose sur l'éducation et la culture qui forment une pensée mûre, l'esprit critique et le jugement, et la responsabilité garantit la vitalité de la démocratie.
PS: "il ne faut que peu d'hommes pour réduire un pays en servitude, cinq ou six , aux cotés du tyran suffisent, si le peuple se laisse soumettre et abdique devant la force. ( discours de la servitude volontaire- Etienne de la boétie
"tiens ça me rapelle quelque chose"